vendredi 18 septembre 2009

Coucou, me revoilou

À mes fidèles lecteurs (oui, les trois au fond, là) qui envoient des courriels d’insultes à l’administrateur du BFS dès qu’il manque un délire : j’ai une bonne excuse! Si y’a pas de délire c’est que je travaille trop ou que j’avance pas sur ma thèse de doctorat (et ces temps-ci j’ai vachement pas avancé) ou que je suis au parc-musée-biodôme-fête-piscine-en train de regarder Kung Fu Panda (choisissez une activité au choix) avec mon fils. Si vous trouvez frustrant de ne pas avoir de délire à lire, pensez comment c’est sympa pour moi l’ambiance des soupers de famille quand j’ai pas eu le temps d’en écrire un (note de l'administrateur : au BFS, on fait dans le népotisme familial).

Mais bon, pour mettre un terme à un suspense apparemment insoutenable, voici enfin, tant attendu, réclamé à corps et à cris, l’Acte III du périple chez les Ostrogoths. J’ai nommé : l’arrivée. Oui, je sais c’est un brin laconique. J’aurai pu me fouler un peu plus. Mais après 36hrs sans sommeil et trop de temps passé dans l’intimité de ses semblables, on va à l’essentiel.

Donc, éventuellement, je suis arrivée en France. Pas à Roissy. Merveilleux aérogare qui rappelle tant les descriptions Hugotiennes de la cour des miracles. Je suis passée d’abord par un sas de décompression : l’aéroport de Lyon- Saint Éxupéry. L’arnaque totale, j’y ai pas vu une trace de l’Aviateur. Pas un mouton. Même pas un petit Prince. Triste. Par contre y’avait des avions.

Quelques heures après avoir récupéré nos bagages, nous avons pris le TGV, direction la capitale. J’avais l’habitude des suppositoires oranges, maintenant ils sont gris métallisés. Peut être que l’orange effrayait les vaches. Eh lô lô! Je parlais des animaux, pas des Français eux-mêmes. Loin de moi cette idée. Mais il faut avouer qu’une fois arrivé à la gare de Lyon, le choc culturel avec les autochtones fait grincer des dents.

Voilà d’ailleurs une énigme : je prends le train à Lyon direction Paris et je me retrouve à la gare de... Lyon. Allez expliquer ça à un enfant de 6 ans!

- Maman, c’est où ici?
- C’est la gare de Lyon.
- Mais tu m’avais dit qu’on allait à Paris pour voir la tour Eiffel!
- Mais on est à Paris! Mais c’est la gare de Lyon.
- Et quand on est parti tout l’heure, on était où?
- À la gare aussi, à Lyon.
- Maman, on dite pas la gare « à « Lyon, on dite la gare « de » Lyon
- Chéri on dit pas « on dite »

Vous savez combien ça va me couter en séances de psy et d’orthophoniste ce petit dialogue?

Donc nous voici à la gare mais on ne pouvait pas rejoindre le métro. Foule compacte dès la sortie du quai, impossible de bouger. «Diantre. Mais que se passe-t’il?» me dis-je en mon fort intérieur, alors qu’à voix haute je commençais à râler ferme. Soudainement : BOUM! La grosse explosion. En parisienne aguerrie (j’y ai vécu un an il y a dix ans, vous pensez si j’ai de beaux restes) j’ai compris qu’un Prix Nobel du dimanche avait encore laissé trainé sa valise et que, principe de précaution oblige et, plan vigipirate à l’appui, en cas de doute, on dynamite!

J’ai vu mon lot d’explosage de valises oubliées et à chaque fois je joue du coude pour arriver au plus près, histoire de voir les bobettes et les chaussettes jaillir dans la fumée dans une sorte de vol plané digne des meilleurs happenings post-modernes. Cette fois-ci j’étais plus occupée à rassurer et protéger ma progéniture. Mon pauvre petit lapin habitué à la calmitude Montréalaise s’était réfugié dans mes jupes et je craignais la réaction de certains autour de nous. Dans ces cas là, y’en a toujours qui se mette à paniquer.

J’ai failli décrocher une droite à une nouille hystérique qui s’est dit que c’était un bon moment et un bon endroit pour se retourner subitement et se mettre à courir sans regarder. Elle était juste devant mon fils et elle pas eu le temps de faire un deuxième pas vers lui. J’y ai collé mon coude dans l’estomac et ma valise sur les pieds. Ça l’a calmée d’un coup. « C’était AVANT qu’il fallait courir, pas quand c’est fini! » lui ai-je dit avec mon air de maton de prison et mon ton de cerbère, celui qui fait cailler le lait et plisser les bas des vieilles.

C’est la mère louve qui sommeille en moi : je supporte pas trop bien qu’on s’approche de ma descendance. Dans ces cas là, mon côté pondéré et raisonné fout le camp et je fais plus que dans le gros et le demi-gros. Je canarde à tout va, histoire de tuer dans l’œuf les velléités d’énervement de certains abrutis, tous ceux qui me facilitent le transit intestinal parce qu’ils sont pas capables d’interagir avec des enfants. Je Prozac les excités du vélo qui pensent que les trottoirs sont des pistes cyclables. Je Valium les pitounes qui râlent sur St Denis parce que y’a trop d’enfants et de poussettes le dimanche après-midi.

Donc, la foule se dissipe et on réussit à rentrer dans le métro. Et c’est là que je regrette de vivre à Montréal. Parce que, pardon, mais entre la ligne orange et la ligne 7 Villejuif-la Courneuve, la comparaison n’est même pas à faire. Pour ceux d’entre vous qui n’y sont pas allés depuis longtemps (ou même jamais), je vous rappelle que le métro parisien est efficace, rapide et surtout silencieux. On peut discuter avec ses voisins de banquette sans gueuler comme si on était dans un club à côté du système de son. Y’en a même qui téléphonent. Eh oui, on peut utiliser son cellulaire dans le métro! D’ailleurs la semaine prochaine mon délire sera un hommage à la STM, si, si. Vous verrez….

Sans rancunes