jeudi 29 octobre 2009

Sortons nos balais!

Si vous ne savez pas ce qui se passe samedi c'est que vous vivez caché sous une pierre. Si vous ne savez pas ce que vous allez faire dimanche c'est que vous êtes un irresponsable arriéré. Et toc!

À moins que ce ne soit déjà fait (le vote par anticipation c'était dimanche dernier) vous allez voter dimanche. Vous ne comptiez pas y aller parce que vous ne savez pas pour qui voter? Ben, faut prendre cinq minutes pour se renseigner.

Vous votez pas parce que vous êtes pas 100% d'accord avec telle ou telle plateforme? On vous demande pas de choisir un compagnon parfait, vous devez pas lui donner votre premier-né en offrande, trouvez juste le moins pire. C'est comme ça à toutes les élections, on est toujours coincé à devoir choisir entre la peste et le choléra.

Vous pensez qu'en ne votant pas ça marque bien votre refus en bloc de toutes ces magouilles politiques. Non, ça marque juste que vous êtes un gros fainéant qui mériterait qu'on lui sucre ses droits civiques. Tu votes pas: tu n'existes pas!

J'ai été élevée par une arrière-grand mère féministe qui m'a bien montré à quel point les droits des femmes ne sont jamais acquis. Il y a des pays où les femmes n'ont toujours pas le droit de vote donc la moindre des politesses c'est d'aller voter quand on en a le droit. Et re-toc! Je vous rappelle aussi que vous enlever le droit de vote reste une punition classique du système judiciaire (ça et la castration chimique).

Pour vous motiver juste un peu plus, je vous ai choisi cette semaine trois recettes pour accompagner votre choix électoral.

Vous allez voter pour Union Montréal? Je vous conseille des escalopes de veau au citron. Recette tirée de mon livre préféré de recette italiennes: La mafia vient de s'installer à côté et ils viennent dîner ce soir (je jure que c'est un vrai livre, la preuve).

Vous préférez revenir à d'anciennes amours avec Vision Montréal? La poule au pot me semble de rigeur.

Un vent de renouveau souffle sous vos fenêtres et Projet Montréal fait pencher la balance? Alors un tofu sauté au chou-fleur me parait tout indiqué.

Bonne popotte, bonne collecte de bonbons et BON VOTE!

Les escalopes de veau au citron
(tiré de The Mafia just moved in next door and they're dropping by for dinner cookbook)
Saupoudrer des escalopes de veau bien fines avec un peu de farine. Les faire brunir dans du beurre. Ajouter sel et poivre. Retirer les escalopes et mettre des champignons avec un peu plus de beurre, faire revenir rapidement. Rajouter du persil haché, le jus d'un citron et après 3min verser sur les escalopes. Servir avec des pâtes fraîches.

La poule au pot
(tiré des Pinardises)
La poule au pot est pochée pour attendrir la viande - une poule qu'on cuit n'est plus jeune. Mais en fait, en trouve-t-on encore de la poule? Non. Alors on utilise un poulet, assez gros de préférence.
Préparer assez de farce pour remplir la cavité de la bête. À l'œil, 250 g de porc haché maigre, 250 g de jambon coupé en petits morceaux, 4-5 foies de poulet qu'on a dénervés et grossièrement hachés à la planche, 1/2 oignon haché, 2-3 gousses d'ail pressé, une généreuse poignée de sel, des herbes de Provence. On pulse quelques coups au robot et la farce est prête. On remplit la bête et on la referme en cousant avec de la ficelle pour bien s'assurer que la farce reste à l'intérieur. On dépose dans une casserole assez grande pour qu'on puisse couvrir complètement d'eau froide. On ajoute si l'on veut des légumes qui donneront du goût au bouillon de poulet qu'on conserve précieusement quand la bestiole est cuite. On laisse à peine frémir, on cuit une heure ou un peu plus, en vérifiant si la chair se détache de l'os. Traditionnellement, on sert la poule au pot avec des cornichons, de la moutarde forte et du gros sel. Josée propose aussi d'ajouter une "salsa verde" - son pesto d'hiver au persil, ou de la gremolata, ou une sauce aux poivrons rouges faite en un tournemain avec des poivrons en conserve (déjà épluchés) qu'on aura passés au robot avec un filet d'huile d'olive. Daniel insiste: la sauce au raifort et à la crème sûre de Josée fait merveille là-dessus.

Tofu sauté au chou-fleur
(tiré de Tofu, Soja et Cie)
Découpez 250g de tofu aux herbes en cubes moyens. Faites griller 5min dans de l'huile d'olive. Ajouter du curcuma et du poivre, des carottes, du panais, de la patate douce, de la rabiole (tout ça c'est au choix, vous pouvez choisir de mettre un seul légume) coupés en julienne. Un peu de sel, du poivre et on fait cuire encore 5min en remuant. Servir avec du riz thaï.

vendredi 23 octobre 2009

Au son du beep, vous vous transformez en citrouille ou la recette du Pho

Encore plus que l'Halloween c'est toute la semaine qui la précède que j'affectionne tout particulièrement. On fait des décorations maison avec mon fils : chauve-souris, citrouilles volantes, fantômes de toutes tailles et cette année, Spiderman. J'ai pas encore compris pourquoi Spiderman c'est pour l'Halloween mais allez comprendre la logique d'un enfant de 6 ans... Et puis c’est la seule semaine de l’année où je me prépare mentalement à aller voir le Rocky Horror Picture Show en chair et en os (cette année c'est au Rialto: rockyhorrormontreal.com) et je jure comme tous les ans que je vais aller voir les lanternes du jardin botanique mais il fait toujours trop froid ou trop mouillé ou y’a un truc trop bien à la télé...

Mais si j'aime cette semaine précédant Halloween c'est surtout parce que je peux enfin laisser libre court à mon potentiel de sarcasmes. Croyez le ou non, la plupart du temps je me mords les lèvres. Pendant quelques jours c'est « pas de quartier! ».

La saison se prête particulièrement bien à souligner les efforts vestimentaires des pitounes du plateau qui se croit obligées d'aligner « fashion faux-pas » et mauvais goût absolu dans une espèce de course à la vulgarité qui me laisse pantoise d'admiration et un brin perplexe : comment serait le monde si toute cette belle énergie dépensée à mal coordonner son vernis à ongles écaillé avec ses bas résille top années 90 était employée à faire de la médiation entre les factions somaliennes, par exemple, ou même à chercher les vraies causes derrière la pandémie médiatique de grippe intellectuelle digne des mauvais jours de la Fox.

Hier soir c’était la jupe trop courte qui me rappelait à quel point c'est moche les genoux et la jarretelle qui dépasse de 10cm (un truc en passant: la lingerie étalée au grand jour sur les trottoirs d'une grand ville occidentale ça fait pas sexy, chouchou. Ça fait femme sur son lieu de travail ! Eh ! Déroule du bitume Carole, il en faut!). Sa copine était maquillée comme un carré d'as et ses piercings me faisaient serrer les fesses (et pas de plaisir, merci).

Donc les deux pitounes (enfin là, on donne furieusement dans la guidoune), je les croise en leur décochant mon sourire le plus complice et leur fais bien fort: «Ouuuah! Super le déguisement ! J'peux prendre une photo?» Eh, eh, eh.

Je fais ça religieusement tous les ans, c'est mon rituel d'Halloween à moi et j'ai jamais eu de réaction outrée, scandalisée ou même un chouia indignée. Faut dire que les heures gaspillées à se reluquer le nombril diminue sérieusement les possibilités de développer son intellect, son sens de l'humour et la répartie qui va avec. C'est ça le problème de la jeunesse actuelle : passer trop de temps à s'occuper de l'extérieur laisse peu d'énergie pour développer d’autres compétences sociales.

Bah, remarquez les vieux aussi ça se détruit bien les neurones sans aucune aide extérieure. Suffit de traîner dans un bar l'après-midi pour assister à la déliquescence accélérée du baby-boomer. Pourtant l'alcool ça conserve... allez comprendre. La dernière fois que je me suis retrouvée dans cette situation, j'ai eu droit à un discours particulièrement intéressant de la part d'un brave monsieur accoudé au bar et qui ne devait pas en être à sa première Molson de la journée. Il m'a entreprise assez rapidement :« J'ai des érables au fond de mon jardin qui sont résistants aux radiations atomiques. » Bêtement, j'ai exprimé ma confusion et il s'est mis à m’expliquer que les érables de son jardin, ben en cas de guerre atomique, ils seraient les seuls survivants. Hmmm, Une foule de questions se succédaient dans ma tête mais j'ai gardé mes remarques pour moi ! En revanche, en rentrant à la maison j'avais comme un arrière-goût de… beurk.... alors je me suis fait une soupe de boeuf viet pour faire passer la nausée:

Recette originale du Pho pa Didier Corlou, chef au Sofitel Métropole de Hanoï (j’ai eu la recette parce que mes parents vivaient là-bas. Eh oui, mon père croyait qu’il était diplomate alors qu’en fait il vendait des Ferrero Rochers.)

Faites un bouillon de bœuf. Par pitié, pas avec des cubes déshydratés! Vous allez chez le boucher, vous dites « Bonjour Monsieur, je voudrais faire un bouillon de bœuf » et il va vous donner tous les trucs bien dégueu, limite vache folle, qu’il faut. Griller des échalotes et du gingembre avec la peau puis les mettre dans le bouillon. Assaisonner avec de la sauce poisson (la meilleure c’est Phu Quoc). Ajouter cardamome, poivre noir et anis étoilé. Faire cuire rapidement des nouilles de riz (c’est sans gluten, yeah !) et mettre dans des bols. Verser le bouillon et ajouter du bœuf tranché genre carpaccio, émincé comme des feuilles de papier à cigarettes. Un peu de menthe chinoise et de coriandre et le tour est joué.

Au plus fort de l'hiver et au plus bas de mon moral, je peux en manger 3 ou 4 par semaine. Oubliez pas le piment qui fait pleurer, une cuillère à soupe de Sriracha devrait faire l'affaire.

La semaine prochaine, si le ciel ne m'est pas tombé sur la tête, je vous confierai mes adresses pour manger la meilleure soupe de boeuf de la ville.

Sans rancune !

vendredi 9 octobre 2009

Lettre ouverte à la STM

(Ça se dit encore "lettre ouverte" quand c'est un courriel? Non, parce que c'est pas comme si un courriel pouvait être fermé... enfin, j'me comprends)

Comme disait je ne sais plus qui: compromis, chose due. Voici mon cri du coeur aux merveilleux employés de la STM, ce beau "mouvement collectif".

Un grand merci à vous, hommes et femmes de la STM, un grand bravo. Vraiment, je vous tire mon chapeau. Autant de constance dans la médiocrité ça force le respect. C’est pas comme si vous étiez de temps en temps mauvais, non, c’est tous les jours ! ça, croyez moi, c'est pas à la portée de tout le monde.

Souvenez-vous du vieil adage qui dit qu’on ne peut pas mentir mille fois à mille personnes. Eh ben, vous, la STM, vous y arrivez. Sans vous faire prendre ! Vous arrivez à vous foutre de plusieurs milliers d'individus 365 fois par an minimum ! Un tour de force ! Quelques exemples pour convaincre les sceptiques:

- Y'a de moins en moins de passages de bus mais vous arrivez à nous faire croire que vos efforts ont redoublé ces dernières années. Sachant que le parc d'autobus est plus que vieillissant et que chaque bus coûte près d'un demi million de dollars, on s'étonne de vous voir engager l'entreprise de marketing la plus prisée au monde pour faire la pub du "mouvement collectif" Ça a dû coûter quelques voitures de métro cette petite fantaisie .

- Vous sortez régulièrement des sondages indiquant le haut degré de satisfaction de vos services. Personne ne regarde les petites lignes qui accompagnent les dits sondages. Le dernier en date a été conduit sur internet et représente un échantillon d'environ 850 personnes. On ne sait pas s'ils prennent le bus ou le métro ou même s'ils ne sont pas eux-mêmes des employés de la STM.... Franchement, vous pourriez conseiller l'équipe de Tremblay car ils n'ont pas encore compris comment manipuler efficacement les médias, ces ânes !

- Et vos "conducteurs" du métro. Si c'est pas de la poudre aux yeux ça... Vu que les rames de métro sont complètement automatisées, le mec qui est devant ne sert à rien du tout. Et quelque part je le plains, ca doit être terrible d'être payé à ne rien faire, c'est bien plus épuisant que réellement être productif ! Et vous les forcez à rester la à ne rien faire sinon se curer le nez, pour notre bien-être. Merci de tout coeur.

- Et les chauffeurs de bus! Mon fils de 6 ans les appelle "les rois de la baboune". À chaque fois qu'il entre dans un bus, il se plaint que que "le monsieur il m’a pas dit bonjour". Mais c'est normal mon chéri, il vient de t'enseigner une des règles premières de la politesse : on doit jamais s'attendre à ce que les autres aient eu la même éducation que la nôtre et même si le monsieur en question fait partie des mieux payés de l'industrie, même si son salaire doit facilement être le double de tous ces gens qu'il transporte, il faut se mettre à sa place. C'est sûrement pire comme métier que d'être au fond de la mine.

Donc vous arrivez à nous faire croire n'importe quoi. Mais ce n'est pas tout ! Il faut souligner votre contribution au sens de la communauté qui manque tellement à nos villes occidentales. Ah, si ce n’était pour vos autobus bondés et inconfortables, quand pourrais-je renifler les effluves poudrées des petites mamies à qui plus personne ne cède sa place (j’adore particulièrement dire tout fort : "Si j’étais assise je vous aurais cédé ma place avec plaisir").

Sans vos voitures de métro surchauffées, comment saurais-je que, en effet, mon déo tient bien 18hrs mais pas celui du jeune crado dont les écouteurs crachent du Nickelback tellement fort que ça fait vibrer mes plombages. Et puis y'a la pitoune qui pète discrètement en croyant que personne va s'en rendre compte; le monsieur qui sent le vinaigre et qui est tellement gros qu’il a des fesses à la place de la nuque; les ados qui écrivent au Sharpie sur les sièges parce qu'ils se prennent pour des rebelles mais qui font dans leur froc dès qu'on leur fait remarquer qu'ils feraient mieux de se distinguer autrement qu'en abîmant le bien public; les enfants qui s'endorment dans des poussettes dont personne n'a pu prévoir qu'elles prendraient un jour les transports en commun (il parait que ça va être une nouvelle discipline olympique à Vancouver: la poussette dans le métro).

Eh oui, grâce à vos bus constamment en retard, nous avons droit tous les jours à un beau tableau de la diversité humaine. Une sorte de radeau de la méduse des petites gens qui s'en vont travailler.

Vraiment, je vous remercie la STM, sans vous cette ville serait un paradis et il y aurait bien trop de monde qui viendrait en profiter, ce serait insupportable.