jeudi 27 août 2009

On a retrouvé l’Arche de Noé sur Saint Denis

En ce moment j'ai envie de faire la cuisine comme de me pendre. Je finis donc par passer le plus clair de mes lunchs à Wok and Roll sur Saint Denis, entre Rachel et Marie-Anne. Avec mon fils, c'est notre cantine préférée. Déjà les plats sont bons et pas chers mais en plus c’est diner-spectacle. Pour mon ninja (oui l'époque Spiderman est officiellement révolue, il est dans les Tortues Ninja maintenant.... misère) c'est plutôt l'aquarium géant avec les poissons qui lui font la soirée. Pour moi c'est les gens dans la salle. Entre conversations navrantes et attitudes faussement désinvoltes, y'a de quoi faire.

Y'a les pitounes maquillées comme des voitures volées qui passent plus de temps à texter sur leur cellulaire rose plutôt que se parler. Les touristes parisiens qui se croient obligés de commenter sur l'accent des gens assis juste à côté. Le mec tout seul qui fume clope sur clope à la terrasse en regardant tout le monde par en dessous. La famille de roux sortie toute droit d'un film de Jeunet. Le « prof » qui parle plus fort que tout le monde et aligne des poncifs usés comme les genoux des pantalons de mon fils. Une sorte d'arche de Noé des losers.

Oh! mais je m'inclus dedans. Moi je pleure à chaque fois que je mange leur soupe de boeuf saignant. Pas parce que ça me rappelle des souvenirs d'enfance mais parce que je mets toujours trop de Sriracha (c'est la bouteille rouge avec le piment Thai). Mon fils a pris l'habitude, il me tend une serviette en papier pour que je me mouche le nez et il continue sa conversation la bouche pleine.

Je tiens cette manie de mon père (oui, je sais, ça faisait longtemps!). Il a toujours une canisse de pâte de piments faite maison dans le frigo est il la sort à TOUS les repas. Il tartine tout avec ce truc. Comme il en met toujours trop, il se lève en plein milieu du repas et va se moucher et sécher ses larmes dans un coin.

Pour en revenir à la faune du resto, hier soir on a eu droit à une brochette de gagnants: L'un faussement Hidalgo, vraiment né à Hochelaga. Le cheveu gominé, plaqué, mais surtout très clairsemé. L'autre, son copain, qui semble tout droit sorti d'un film de zombie (encore un que sa mère a dû laisser tomber quand il était petit). La serveuse dépose les plats sur leur table et le plus moche lui demande d'un ton péremptoire: "Y nous faut des bâtons!" Elle me tournait le dos mais je pouvais juste imaginer son air surpris. "Des quoi?" Et le voilà qui fait le geste pour expliquer : index et annulaire en ciseaux, il mime les "bâtons". Son collègue lui vient en aide en énonçant haut et fort: "des sticks"! Il voulait des baguettes.... l’handicapé des synonymes ! Ça doit être le frère de notre handicapée du solfège.

J'ai arrêté de mâchouiller mes nouilles pour écouter leur conversation dont je vous relate un extrait verbatim :

- Demain j'suis occupé. Je sors avec ma copine.
- Ah ouais? T’as une copine ? C’est qui ?
- Euh, c'est Lisa.
- Ben... je croyais qu'elle sort avec Steve?
- Euh, ouais.
- J'aime pas trop ce Steve.
- Moi non plus. C'est un criss d'épais. La prochaine fois que j'le vois, j'lui casse la gueule. Tu vois, si j'le vois comme ça dans la rue, je traverse et j'lui casse la gueule.
- Ah, tu le connais?
- Non.

J'ai continué à manger mes nouilles.

Sans rancune….

vendredi 14 août 2009

Acte II - Dans la boîte à sardines

Richard Branson en a rêvé, Air transat n'a même pas essayé de le faire ou comment rendre les voyages transatlantiques parfaitement nauséabonds.....

J'ai gagné, je suis la dernière embarquée. Ah ! Un monsieur bien propre sur lui, assis juste là où je comptais poser mes fesses. Hmmmm.. Je sors ma carte, vérifie que j'ai bien regardé le numéro du siège et pas celui du vol (quoi? comme si ça vous était jamais arrivé...). Il me tend sa carte d’embarquement et il est marqué 4H, comme sur la mienne. On est mal barrés. L'espace d'une seconde, je me suis dit que finalement c'est bien sur les genoux du pilote que j'allais finir ce voyage. On reprend tous en coeur: Toute ma vie j'ai rêvé...... lalala

Pendant que l'hôtesse de bord court partout pour trouver une solution j'ai le temps de réfléchir à la probabilité que ce genre de choses arrive. Ils doivent avoir des logiciels relativement sophistiqués qui font que, au fur et à mesure des enregistrements, les sièges distribués deviennent indisponibles. Mais si deux agents d'enregistrement tapent simultanément (et là je veux dire à la nano-seconde près) un même siège... Paf ! On se retrouve comme une idiote debout dans un avion bondé où absolument tout le monde est assis et vous regarde avec un brin d’agacement.

Bref, la brave dame trouve une solution et me propose deux sièges au fond. Genre les deux derniers sièges. Vous savez ceux juste à coté des toilettes et de la cuisine.... Royale, je cède la place au monsieur qui prend un air sombre en se dirigeant vers l'arrière. Oui, je sais, c'était pas facile à voir de dos mais c'était évident qu'il avait l'air sombre. En tout cas, j'étais assez content de moi car entre un siège couloir au 4H et les sièges du fond avec les bagages et le charbon... Le choix est vite fait.

Aussitôt que j'ai posé mon séant, j'ai regretté de ne pas avoir pris les sièges classe "esclaves dans la soute". À côté de moi, un bûcheron, ou en tout cas un qui se donne l’air de. Il porte un pull irlandais, le genre véritable pull irlandais, pas une copie Wal-Mart. Non, le truc qui te fait automatiquement prendre trois tailles en épaisseur.... Qui porte un truc pareil quand il sait qu'il va se retrouver coincé pendant 7hrs dans une boite de sardines à 10 0000 pieds au-dessus du niveau de la mer? On n'avait même pas décollé qu'une feinte odeur de transpiration se dégageait du bûcheron et les trois mots que j'ai échangés avec lui ont confirmé ma première impression : oh la vache!

Les roues de l'avion ont à peine quitté le sol que le bûcheron, qui est accompagné de sa bûcheronne, se sent obligé de faire les sous-titres à voix haute. Pas du film. Il commente bien fort la carte en temps réel qui indique l'heure locale, la vitesse et dans combien de temps le calvaire va finir, le tout avec des grands gestes à dix centimètres de mon nez, car, en plus de lui expliquer (quoi, je sais pas, y'a franchement pas grand chose à dire sur le petit avion qui se déplace en clignotant) il faut montrer du doigt! Une autre chanson (?) me passe alors par la tête: Plus près de toi mon Dieu, plus près de toi....

Il faut bien sûr qu'il aille aux toilettes en plein moment du film où ça devient intéressant mais au moins j'ai quelques minutes de paix : depuis le départ je prenais de grands coups de coude ou de cuisse. Le béotien revient et je finis par trouver une position qui met un peu de distance entre lui et moi, au prix d’un futur mal de dos. Il s'endort. Et là, je jure que c'est vrai, en moins de cinq minutes, il ronfle tellement fort que je n'arrive plus à entendre le film que j'avais pourtant mis à fond les ballons. Il faut inclure là dedans le vacarme habituel d'un avion et le fait que j'ai des écouteurs réducteurs de son...


L'hôtesse repasse, je l'attrape par la manche et lui demande si c'est casher de légèrement balancer un coup de coude au mec. Voulant éviter un pugilat en plein air, elle m'installe en première. Mettons-nous d'accord, le mot "première classe" pour Air Transat est une hallucination de leur équipe marketing. Mais au moins j'étais loin de l'abruti sonore.

Quand on s'est retrouvé en ligne pour le contrôle de passeport, le bûcheron irlandais s'est tourné vers sa femme et a déclaré sans vergogne : "La nuit a été courte !" Là c'est pas une chanson qui m'est passée par la tête, plutôt une ligne des Tontons flingueurs: "Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît."

Roulement de tambours :
la semaine prochaine, Acte III. Où nous nous questionnerons sur la force de la pensée positive, la vélocité du moineau, les carottes râpées et pourquoi l'intelligence vient de la mère (non, pas de la mer).

Ah oui ! j'allais oublier. Comme j'ai une aisance toute particulière avec les mots, une habileté indéniable à trouver du poétique dans le trivial, enfin un certain "je ne sais quoi" comme disent les Anglais, on m'a demandé de faire une revue de livre car il semblerait que ceux qui font ça depuis plusieurs semaines se soient faits recruter par le New York Times. Alors voilà: Je vous conseille Dreams from my Father de Barack Obama: "C'est très bien."

Sans rancune......

Périple avec des Ostrogoths (ou des Wisigoths, vous savez moi les accents…)

Je rentre de Paris où j’ai passé trois jours. Ben quoi? c’est sympa comme destination de fin de semaine, on n’y pense jamais.

Quelque part, ça faisait tellement longtemps que je n’étais pas allée en France, j'avais l'impression que j’allais me retrouver à la cour de Kaamelott mais en moins drôle. Et j’y allais vraiment à reculons…. je déteste prendre l'avion. Après avoir loggué 100.000 miles par an j'ai pris ma retraite anticipée des aéroports bondés, des plateaux repas débordant de salmonelle, des valises perdues, des correspondances loupées et autres joyeusetés inhérentes aux voyagements aériens.

Ça n’a pas toujours été le cas. Il y a dix ans je faisais plus de voyages qu’une hôtesse de l’air. Quand je m’en suis rendue compte, j’ai eu la chanson de Dutronc coincée dans la tête pendant des semaines. À chaque fois que j’arrivais à un aéroport je commençais à siffloter « toute ma vie j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air, toute ma vie j’ai rêvé d’avoir les fesses en l’air ».

En fait, c’est pas vraiment vrai : j'adore prendre l'avion mais c'est juste le principe qui me plait, la mise en oeuvre est toujours à vomir. Un peu comme la religion, le principe est formidable mais la mise en oeuvre laisse sérieusement à désirer. Après tout il n'est marqué nulle part dans la Bible que les petits garçons sont une exception au célibat des prêtres. C'est marqué nulle part dans le Coran que les femmes doivent pas porter de pantalons, et y'a pas de mention dans le talmud que le tofu c’est pas casher. L’opérationnalisation des plus belles idées laisse toujours à désirer. Y’a qu’à voir la démocratie, le recyclage ou encore l’école primaire dans notre merveilleuse province.

En tout cas, si les voyages forment la jeunesse, ils fatiguent les vieux. Pendant que je récupère du décalage horaire, il est hors de question que je fasse la cuisine. Je me suis donc dit (oui, j’aime bien me parler à moi même, souvent à voix haute et parfois dans la rue, normal) que je devais vous narrer deux trois détails intéressants de mon dernier périple. Ça mettra dans l’ambiance les inconscients qui partent en août et ça rappellera des souvenirs aux malheureux qui rentrent.

Donc, la semaine dernière, j’arrive à l'aéroport Dorval (ou Trudeau, personne n’est réellement certain). Dans l’espoir de ne pas être coincée dans le siège du milieu, je fais un peu de charme au gamin qui enregistre mon sac et me voila propulsée à un siège au 4ème rang. Si mon décolleté avait été un peu plus profond, j'aurais atterri sur les genoux du pilote. Ah! Ah! pilote, atterri, hmmmm, j'me fais rire toute seule.

Je m’installe dans la salle d’embarquement après avoir passé le contrôle de sécurité et leurs nouveaux TOC : les flacons dans un sac en plastique. Quand j’étais jeune, c’était ma grand-mère qui faisait ça. Je trouve tellement touchant que les douanes aient rien d’autre à glander dans la vie que de se préoccuper que nos tubes de crèmes et de dentifrice aillent pas tâcher nos sacs. Vraiment trop cute ! et après ils nous disent que c’est pour des raisons de sécurité. C'est sûr, ça doit être ça la dernière catastrophe aérienne : une vieille qu’avait pas mis sa préparation H dans un sac en plastique.

Bref, j’ai toujours adoré les rituels des voyageurs aériens. Une pièce de Feydau en 3 actes :

Acte 1 : la salle d’embarquement. Au moment même où un(e) employé(e) arrive et commence à pitonner derrière son petit comptoir, tac, y’en a dix qui se lèvent et viennent se planter sous son nez. Et puis ils le (la) regardent fixement pendant 30 minutes. Pendant ce laps de temps, y’en a d’autres qui se mettent debout et vont plus ou moins se mettre derrière. À chaque fois, je me demande ce qu’ils font, au lieu de rester tranquillement au bar à siroter un double bloody-mary (moi il me faut ça pour supporter un vol transatlantique), acheter un magazine au point presse (ben pour une fois qu’ils liraient autre chose que le journal de Montréal !) ou encore profiter des derniers instants où on peut encore se mettre debout et marcher.

J’ai toujours eu envie d’aller leur demander :
« Qu’est-ce que vous faites là alors que vous savez pertinemment que c’est pas premier arrivé-premier servi, qu’ils embarquent les familles et les éclopés de la vie en premier et, qu’après, ça commence par les sièges du fond ? Hein ? Hein ? Hein ?». Parce que les anxieux du premier rang, ils n’ont pas d’enfants, pas de fauteuil roulant et ils sont généralement assis au 6D. Si j’avais eu la mauvaise idée de me faire engager par Air Transat, je pense que j’aurais été virée au bout de 3 jours car, au premier zozo qui m’aurait fait le coup de se lever et venir regarder ce que je fais, je lui aurais demandé fermement d’aller garer ses miches ailleurs s'il veut pas que je lui arrange une fouille au corps par un collègue qui préfèrera ça plutôt que mettre des tubes de fond de teint dans des petit Ziplocs.

Bon y’a le sushi volant qui frappe à la porte, je vous l’ai dit, je fais pas la cuisine tant que mon corps est pas synchro avec l’heure locale. Ça risque de durer jusqu'au changement d’heure….

La semaine prochaine : Acte 2 - Le voyage. Où vous rencontrerez un bûcheron, des erreurs informatiques, un grave problème d’apnée et un équipage désespérément à la recherche de solutions. À suivre….

Les gnocchis à l'insupportable

La dernière fois, je vous parlais de l'handicapée du solfège qui sévit au dessus de chez ma soeur. Quand elle commence à faire de la musique, elle fait retomber nos soufflés et cailler le lait. Jusque là, elle ne jouait que du piano mais, depuis quelques jours, elle prend des cours de clarinette. Pourquoi vouloir jouer mal de la clarinette quand on joue déjà mal du piano ? C'est étonnant comme le berceau génétique de Félix Leclerc, Céline Dion (ah ben, on a beau pas aimer, il faut reconnaître qu'elle sait pousser sa note, elle) et Luc Plamondon peut engendrer une telle dégénérescence musicale. D'ailleurs, il parait que Van Gogh ne s'est pas du tout coupé l'oreille par amour mais plutôt parce que son voisin jouait du violon. Je veux bien le croire.

Le pire, c'était le 24 juin car apparemment elle a des copains comme elle : tous "musiciens". Ils étaient au balcon, ces nazes, à jouer ce qui semblait être des standards brésiliens. Tout à fait d'occasion pour la St Jean-Baptiste. Soit dit en passant, je trouve étonnant qu'au Québec on ait choisi comme emblème de fête nationale un mec qui était encore plus allumé (littéralement) que Jésus ! C'est très fort. Bref, je tiens à présenter nos plus plates excuses à la communauté brésilienne, on n'a rien à voir avec tout ça.

Pour me calmer, je me suis dit qu'on allait faire des gnocchis. Ça cale bien comme repas. Ça endort un tantinet.... J'ai fait un kilo 1/2 de purée (au lait de soja tout de même) dans laquelle j'ai mis une tête d'ail bien pilée, écrasée. J'ai rajouté une tasse de farine de riz brun, une de farine de riz blanc et 1/2 de tapioca. Une toute petite cuillère de gomme de xantham, sel poivre.. Une fois que la pâte devient consistante, on fait des long boudins minces et on coupe les gnocchis avec un ciseau. Au fur et à mesure on les jette dans une grande casserole d'eau bouillante. Quand ils remontent à la surface, ils sont cuits. On rajoute une bonne sauce tomate et du parmesan.... Miam ! Simple, de bon goût, tout pour plaire. J'ai éclusé une bouteille de blanc avec ça et j'avais moins envie d'aller étrangler l'idiote du dessus.

En passant, je sais pas pourquoi je me fatigue à partager mes recettes, y'en a pas un qui les essaye. Franchement c'est vexant. Il paraîtrait même que certains lisent mes délires uniquement parce que ça les fait rire. Je vois pas comment. Je suis pas drôle. C'est bien connu que les comiques s'échignent à faire rire pour combler un mal être profond, compenser un manque d'amour qui vient de l'enfance. Moi non, j'en ai rien à faire qu'on m'aime, mes parents s'en sont chargés quand j'étais jeune. Du coup, j'ai rien à compenser! Je leur reproche souvent d'ailleurs. J'aurai pu avoir une grande carrière.... tant pis.

En attendant, levez vos fesses de devant l'écran et allez faire à manger.