vendredi 23 octobre 2009

Au son du beep, vous vous transformez en citrouille ou la recette du Pho

Encore plus que l'Halloween c'est toute la semaine qui la précède que j'affectionne tout particulièrement. On fait des décorations maison avec mon fils : chauve-souris, citrouilles volantes, fantômes de toutes tailles et cette année, Spiderman. J'ai pas encore compris pourquoi Spiderman c'est pour l'Halloween mais allez comprendre la logique d'un enfant de 6 ans... Et puis c’est la seule semaine de l’année où je me prépare mentalement à aller voir le Rocky Horror Picture Show en chair et en os (cette année c'est au Rialto: rockyhorrormontreal.com) et je jure comme tous les ans que je vais aller voir les lanternes du jardin botanique mais il fait toujours trop froid ou trop mouillé ou y’a un truc trop bien à la télé...

Mais si j'aime cette semaine précédant Halloween c'est surtout parce que je peux enfin laisser libre court à mon potentiel de sarcasmes. Croyez le ou non, la plupart du temps je me mords les lèvres. Pendant quelques jours c'est « pas de quartier! ».

La saison se prête particulièrement bien à souligner les efforts vestimentaires des pitounes du plateau qui se croit obligées d'aligner « fashion faux-pas » et mauvais goût absolu dans une espèce de course à la vulgarité qui me laisse pantoise d'admiration et un brin perplexe : comment serait le monde si toute cette belle énergie dépensée à mal coordonner son vernis à ongles écaillé avec ses bas résille top années 90 était employée à faire de la médiation entre les factions somaliennes, par exemple, ou même à chercher les vraies causes derrière la pandémie médiatique de grippe intellectuelle digne des mauvais jours de la Fox.

Hier soir c’était la jupe trop courte qui me rappelait à quel point c'est moche les genoux et la jarretelle qui dépasse de 10cm (un truc en passant: la lingerie étalée au grand jour sur les trottoirs d'une grand ville occidentale ça fait pas sexy, chouchou. Ça fait femme sur son lieu de travail ! Eh ! Déroule du bitume Carole, il en faut!). Sa copine était maquillée comme un carré d'as et ses piercings me faisaient serrer les fesses (et pas de plaisir, merci).

Donc les deux pitounes (enfin là, on donne furieusement dans la guidoune), je les croise en leur décochant mon sourire le plus complice et leur fais bien fort: «Ouuuah! Super le déguisement ! J'peux prendre une photo?» Eh, eh, eh.

Je fais ça religieusement tous les ans, c'est mon rituel d'Halloween à moi et j'ai jamais eu de réaction outrée, scandalisée ou même un chouia indignée. Faut dire que les heures gaspillées à se reluquer le nombril diminue sérieusement les possibilités de développer son intellect, son sens de l'humour et la répartie qui va avec. C'est ça le problème de la jeunesse actuelle : passer trop de temps à s'occuper de l'extérieur laisse peu d'énergie pour développer d’autres compétences sociales.

Bah, remarquez les vieux aussi ça se détruit bien les neurones sans aucune aide extérieure. Suffit de traîner dans un bar l'après-midi pour assister à la déliquescence accélérée du baby-boomer. Pourtant l'alcool ça conserve... allez comprendre. La dernière fois que je me suis retrouvée dans cette situation, j'ai eu droit à un discours particulièrement intéressant de la part d'un brave monsieur accoudé au bar et qui ne devait pas en être à sa première Molson de la journée. Il m'a entreprise assez rapidement :« J'ai des érables au fond de mon jardin qui sont résistants aux radiations atomiques. » Bêtement, j'ai exprimé ma confusion et il s'est mis à m’expliquer que les érables de son jardin, ben en cas de guerre atomique, ils seraient les seuls survivants. Hmmm, Une foule de questions se succédaient dans ma tête mais j'ai gardé mes remarques pour moi ! En revanche, en rentrant à la maison j'avais comme un arrière-goût de… beurk.... alors je me suis fait une soupe de boeuf viet pour faire passer la nausée:

Recette originale du Pho pa Didier Corlou, chef au Sofitel Métropole de Hanoï (j’ai eu la recette parce que mes parents vivaient là-bas. Eh oui, mon père croyait qu’il était diplomate alors qu’en fait il vendait des Ferrero Rochers.)

Faites un bouillon de bœuf. Par pitié, pas avec des cubes déshydratés! Vous allez chez le boucher, vous dites « Bonjour Monsieur, je voudrais faire un bouillon de bœuf » et il va vous donner tous les trucs bien dégueu, limite vache folle, qu’il faut. Griller des échalotes et du gingembre avec la peau puis les mettre dans le bouillon. Assaisonner avec de la sauce poisson (la meilleure c’est Phu Quoc). Ajouter cardamome, poivre noir et anis étoilé. Faire cuire rapidement des nouilles de riz (c’est sans gluten, yeah !) et mettre dans des bols. Verser le bouillon et ajouter du bœuf tranché genre carpaccio, émincé comme des feuilles de papier à cigarettes. Un peu de menthe chinoise et de coriandre et le tour est joué.

Au plus fort de l'hiver et au plus bas de mon moral, je peux en manger 3 ou 4 par semaine. Oubliez pas le piment qui fait pleurer, une cuillère à soupe de Sriracha devrait faire l'affaire.

La semaine prochaine, si le ciel ne m'est pas tombé sur la tête, je vous confierai mes adresses pour manger la meilleure soupe de boeuf de la ville.

Sans rancune !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire