dimanche 17 mai 2009

Mon fils m'a tuer

Non, y'a pas de fautes dans le titre, je sais encore accorder mon participe passé. Certains auront compris la référence, pour les autres voyez l'affaire Omar Raddad. Non pas Omar Khadr ni Amir Khadir. Aïe!

J'ai passé plusieurs rubriques à exorciser les démons du passé et prouver à tous que mon frère, ma soeur et moi sommes des modèles de résilience avec tout ce que nos parents nous ont fait vivre. Notamment cette manie de nous nourrir, nous éduquer et tenter de nous inculquer des règles de savoir-vivre qui font que maintenant on est trois petits cochons en santé, capable de se lever le matin pour aller travailler sans éprouver l'envie irrésistible de rincer nos chaussettes dans une fontaine publique nus comme des vers et défoncés au Sharpie.

Ma soeur et moi avons poussé le sens de l'adaptation jusqu'à nous reproduire et nous sommes rentrées dans le club des "momans", surtout ma soeur. Quel que soit le jour de la semaine ou l'heure de la journée, elle est toujours en train de discuter avec une copine (mama), d'aller a une réunion de copines (mama) ou de faire des bouillies (mama), chercher les meilleures couches bio sur internet, ou encore d'échanger des trucs d'éco-anxieuse avec sa copine Marika l'Allumée. Yuk! J'ai appris à rester loin des odeurs de vomis, cacas et autre rots parfumés à la purée de carottes. Ma période no-sex-in-the-city est passée et ça ne me dit rien de la revivre par procuration. Et puis j'aime pas les enfants des autres. Ils sont souvent vilains, mal élevés et toujours en train de chouiner. Le mien il est beau, mange ses glaces sans mettre une seule goutte sur son t-shirt, dit bonjour et merci (quand je le lui rappelle) et il fait la cuisine avec sa maman. Mais de temps en temps, il me tue. C'est que les enfants, c'est très fort pour traumatiser leurs parents... Je ne parle pas des disparitions de 30 secondes dans un magasin où notre coeur s'arrête de battre pour ce qui semble être une éternité. Ni même des vols planés au dessus du vélo qui nous figent sur place à se demander si c'est le bras ou les dents qui ont cédé sous le choc. Non, je parle des petites phrases assassines assénées sans prévenir.

Samedi après-midi de pluie, on se fait des muffins aux canneberges. La veille, j'ai mis à tremper des canneberges séchées dans du thé parfumé à la mangue et à la pêche, faut que ça reste toute la nuit au frigo. Je les draîne une heure avant de faire les muffins. On prépare le mélange à muffin. Ben oui, c'est du mélange en boite mais c'est sans gluten! C'est le problème des intolérances alimentaires, on peut vraiment pas manger n'importe quoi. Chez le médecin, ça me prend un sacré moment de remplir un dossier. Dans la rubrique "allergies" je commence toujours par écrire "ex-mari", les autres intolérances sont moins tragiques et j'ai toujours espoir d'un jour pouvoir m'en débarrasser. Au début, quand j'achetais de ce mélange à muffin (marque Glutino), c'était marqué "fait en Israel" maintenant c'est fait en Allemagne, l'ironie du sort...

On met les canneberges dans le mélange et on touille bien. Finalement, le plus dur c'est de mélanger le tout. Matt a des bras de petit garçon de 5 ans alors que je suis costaude. Je tiens ça de ma mère, elle a l'air de rien comme ça mais cette femme a la puissance de portage d'un déménageur du clan Panneton. Faut dire qu'elle a de la pratique. On a déménagé plus de 30 fois ces 39 dernières années. Papa croit qu'il est dans l'armée.

Pour en revenir aux muffins, l'étape suivante c'est de mettre la pâte dans les petits moules de couleurs. Matt travaille par couleurs. Parait que ça les rend meilleurs. Et puis on les met au four jusqu'à ce qu'ils soient dorés. Alors, vous me direz, pourquoi pas les faire au chocolat? Franchement, la canneberge.... Ben c'est bon pour plein de choses la canneberge. Le chocolat aussi, je sais. En y regardant bien, chaque aliment est bon pour quelque chose. En revanche, j'attends encore le légume qui rend moins con, j'en connais qui pourrait se le prendre en intraveineuse.

Le soir même, en mâchouillant pensivement son muffin, mon fils me regarde et me dit:
- Maman tu peux m'expliquer quelque chose?
- Oui mon chéri (prière silencieuse de la mère pour qu'on n'en soit pas déjà rendu aux questionnements sur la mort, le sexe ou "pourquoi le monsieur il est pauvre?")

- Je veux que tu m'expliques une chose que tu as faites qui était vraiment drôle.
- Ahhhhhh.....
Et là je me suis mise à réfléchir intensément. Pendant que ma vie défilait à l'envers devant mes yeux, ma descendance me regardait, le sourcil de plus en plus froncé. Il devait se demander pourquoi une réponse simple met autant de temps à être répondue. Les secondes s'égrènant, mon angoisse existentielle montait. Alors, mignon, il a précisé:

- Quelque chose de MARRANT que tu as faites...
-... on dit "fait" chéri (ça va me faire gagner du temps ça).
Tristement, je n'ai trouvé rien de mieux que de lui dire que la chose drôle à laquelle je pouvais penser c'est l'équipe d'aviron de mon université. Il a pris l'air consterné, alors je lui ai dit: "Euh, non en fait c'est quand on regarde Bolt tous les deux, çà c'est drôle." Il a secoué lentement la tête et, se servant d'une réplique du dit film (vous avez pas vu Bolt ? non ? mais louez le c'est trop dément), il a déclaré tranquillement: "Now I'm concerned on a number of levels". A-ssa-ssi-née!

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