vendredi 14 août 2009

Acte II - Dans la boîte à sardines

Richard Branson en a rêvé, Air transat n'a même pas essayé de le faire ou comment rendre les voyages transatlantiques parfaitement nauséabonds.....

J'ai gagné, je suis la dernière embarquée. Ah ! Un monsieur bien propre sur lui, assis juste là où je comptais poser mes fesses. Hmmmm.. Je sors ma carte, vérifie que j'ai bien regardé le numéro du siège et pas celui du vol (quoi? comme si ça vous était jamais arrivé...). Il me tend sa carte d’embarquement et il est marqué 4H, comme sur la mienne. On est mal barrés. L'espace d'une seconde, je me suis dit que finalement c'est bien sur les genoux du pilote que j'allais finir ce voyage. On reprend tous en coeur: Toute ma vie j'ai rêvé...... lalala

Pendant que l'hôtesse de bord court partout pour trouver une solution j'ai le temps de réfléchir à la probabilité que ce genre de choses arrive. Ils doivent avoir des logiciels relativement sophistiqués qui font que, au fur et à mesure des enregistrements, les sièges distribués deviennent indisponibles. Mais si deux agents d'enregistrement tapent simultanément (et là je veux dire à la nano-seconde près) un même siège... Paf ! On se retrouve comme une idiote debout dans un avion bondé où absolument tout le monde est assis et vous regarde avec un brin d’agacement.

Bref, la brave dame trouve une solution et me propose deux sièges au fond. Genre les deux derniers sièges. Vous savez ceux juste à coté des toilettes et de la cuisine.... Royale, je cède la place au monsieur qui prend un air sombre en se dirigeant vers l'arrière. Oui, je sais, c'était pas facile à voir de dos mais c'était évident qu'il avait l'air sombre. En tout cas, j'étais assez content de moi car entre un siège couloir au 4H et les sièges du fond avec les bagages et le charbon... Le choix est vite fait.

Aussitôt que j'ai posé mon séant, j'ai regretté de ne pas avoir pris les sièges classe "esclaves dans la soute". À côté de moi, un bûcheron, ou en tout cas un qui se donne l’air de. Il porte un pull irlandais, le genre véritable pull irlandais, pas une copie Wal-Mart. Non, le truc qui te fait automatiquement prendre trois tailles en épaisseur.... Qui porte un truc pareil quand il sait qu'il va se retrouver coincé pendant 7hrs dans une boite de sardines à 10 0000 pieds au-dessus du niveau de la mer? On n'avait même pas décollé qu'une feinte odeur de transpiration se dégageait du bûcheron et les trois mots que j'ai échangés avec lui ont confirmé ma première impression : oh la vache!

Les roues de l'avion ont à peine quitté le sol que le bûcheron, qui est accompagné de sa bûcheronne, se sent obligé de faire les sous-titres à voix haute. Pas du film. Il commente bien fort la carte en temps réel qui indique l'heure locale, la vitesse et dans combien de temps le calvaire va finir, le tout avec des grands gestes à dix centimètres de mon nez, car, en plus de lui expliquer (quoi, je sais pas, y'a franchement pas grand chose à dire sur le petit avion qui se déplace en clignotant) il faut montrer du doigt! Une autre chanson (?) me passe alors par la tête: Plus près de toi mon Dieu, plus près de toi....

Il faut bien sûr qu'il aille aux toilettes en plein moment du film où ça devient intéressant mais au moins j'ai quelques minutes de paix : depuis le départ je prenais de grands coups de coude ou de cuisse. Le béotien revient et je finis par trouver une position qui met un peu de distance entre lui et moi, au prix d’un futur mal de dos. Il s'endort. Et là, je jure que c'est vrai, en moins de cinq minutes, il ronfle tellement fort que je n'arrive plus à entendre le film que j'avais pourtant mis à fond les ballons. Il faut inclure là dedans le vacarme habituel d'un avion et le fait que j'ai des écouteurs réducteurs de son...


L'hôtesse repasse, je l'attrape par la manche et lui demande si c'est casher de légèrement balancer un coup de coude au mec. Voulant éviter un pugilat en plein air, elle m'installe en première. Mettons-nous d'accord, le mot "première classe" pour Air Transat est une hallucination de leur équipe marketing. Mais au moins j'étais loin de l'abruti sonore.

Quand on s'est retrouvé en ligne pour le contrôle de passeport, le bûcheron irlandais s'est tourné vers sa femme et a déclaré sans vergogne : "La nuit a été courte !" Là c'est pas une chanson qui m'est passée par la tête, plutôt une ligne des Tontons flingueurs: "Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît."

Roulement de tambours :
la semaine prochaine, Acte III. Où nous nous questionnerons sur la force de la pensée positive, la vélocité du moineau, les carottes râpées et pourquoi l'intelligence vient de la mère (non, pas de la mer).

Ah oui ! j'allais oublier. Comme j'ai une aisance toute particulière avec les mots, une habileté indéniable à trouver du poétique dans le trivial, enfin un certain "je ne sais quoi" comme disent les Anglais, on m'a demandé de faire une revue de livre car il semblerait que ceux qui font ça depuis plusieurs semaines se soient faits recruter par le New York Times. Alors voilà: Je vous conseille Dreams from my Father de Barack Obama: "C'est très bien."

Sans rancune......

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