vendredi 24 avril 2009

La tarte au citron

Une récente étude démontre que les compétences culinaires ne se passent pas nécessairement de mères en filles. Grosse surprise. Les chercheurs ne sont pas allés voir si ça pouvait se passer de mère en fils ou de père en fils. Encore plus grosse surprise. De plus, il semble que les filles trouvent qu'elle cuisinent moins bien que leur mère et ces dernières sont assez d'accord. C'est mal barré pour l'avenir gustatif des générations à venir.

En l'occurrence, chez nous. c'est la mère qui faisait la cuisine. Le père, lui, s'étant découvert cette vocation sur le très tard (il y'a six mois). Comme elle a toujours été atteinte d'un ADD non diagnostiqué, elle a tout essayé, incapable de fixer son attention sur un courant culinaire précis pour plus d'un mois. On a eu une époque traditionnelle: les recettes de la Tante Jeanne et celles de sa belle-mère. Ça c'était sa période bleue.

Après, sa période rose a été teintée d'influence médiatiques bizarres: le régime des pâtes de Macha Méril (j'aime les pâtes, mais franchement trois fois par jour...), la grande cuisine minceur de Guérard, les idées lumineuses de Rika Zaraï et surtout le régime mi Qi-gong, mi-chiant de Michel Oliver, qui, sous prétexte qu'il était passé de l'obésité morbide à un poids santé, s'est senti obligé d'emmerder tout le monde avec un régime contre nature (essayez de bouffer que du poulet au petit-déjeuner et que des légumes le soir et on s'en reparlera).

Là, c'était le début de la fin... Fini les soufflés au fromage, les gratins plein de crème, le porc au caramel, la blanquette de veau, les clafoutis et, surtout, la tarte au citron meringuée qu'on mangeait en entier avant qu'elle ait eu le temps de refroidir. On entamait sans le savoir sa période cubiste: la macro-biotique. Ma soeur et moi en sommes encore traumatisées. Elle posait la soupière sur la table et en sortait une longue algue, épaisse et luisante, avant de nous servir de la soupe au potiron. Depuis, je suis pas capable d'apprécier les sushis et j'évite religieusement les produits de beauté dont l'étiquette vante les extraits marins. Trau-ma-ti-sées!

Heureusement il me reste, dans un fond de tiroir, écrite sur un morceau de papier jauni, la recette de sa tarte au citron meringuée, la meilleure que vous mangerez de votre vie:

Faire cuire à blanc une pâte feuilletée (ou sablée, ça marche aussi). Ça veut dire qu'il faut "précuire la pâte" allez sur http://chefsimon.com/cuirablanc.htm, des petites photos valant mieux qu'une longue explication. Première Moisson a des pâtes congelées qui ne sont pas trop mauvaises mais vous pouvez aussi faire la vôtre: bonne chance!

Séparez les blancs et les jaunes de quatres oeufs (je vous ai déjà expliqué comment faire, consultez vos archives ou alors envoyez moi un twitter @stephaniebaron histoire de vous humilier publiquement parce qu'à votre âge vous avez encore peur de séparer les blancs des jaunes, tsk, tsk).

Pressez le jus de 2 citrons et d'une orange (si vous voulez faire un peu de genre, prélevez et incorporez le zeste d'un des citrons mais personnellement les petits bouts de citron qui croquent sous la dents, beurk). je pousse le vice jusqu'à passer ce jus au chinois (et non, le japonais ou le coréen ça ne marche pas pareil) pour être sûre de pas mettre des tits pépins. Rajoutez 150 grs de sucre et mélangez le tout avant de mettre au bain-marie (finalement ce bain-marie de Williams-Sonoma à 350$, ce ne serait pas un si mauvais investissement...). Il faut mélanger sans cesse et surtout prier pour que ça épaississe. Même si vous êtes athée militant, il faut apprendre à prier en cuisine. C'est pour ça que j'ai une photo de Sainte Rita sur la hotte.

Laissez refroidir puis ajoutez les blancs en neige que vous aurez monté avec un peu de sucre. Versez le mélange dans la pâte et mettez au four à 350 degrés. Sortez quand c'est doré sur le dessus.

J'en entends certains qui me dise.... "mais pourquoi mélanger citron-jaunes avec les blancs en neige?" Ben, parce que faire une espèce de crème épaisse au citron et puis ensuite rajoutez de la meringue dessus c'est plate en titi, comme dirait gros minet. Alors que là, le mélange crème au citron et meringue est subtil, les deux textures se mélangent. Et pourquoi mettre de l'orange avec le citron? Essayez avec que du citron et vous comprendrez pourquoi. Les dents vont vous grincer tellement qu'on vous entendra jusqu'à Chibougamau.

Croyez en ma vieille expérience, ça se mange froid ou chaud, c'est pas important, l'important c'est que ça se mange tout seul.

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