mardi 28 avril 2009

Le plus fort c'est mon père

Maman en a marre que je me serve de ses recettes pour ces chroniques. Elle dit qu'elle n'est pas la seule responsable pour mes piètres talents culinaires. Je ne suis pas entièrement d'accord avec cette affirmation. Papa fait très bien la cuisine. Bon, il ne sait faire que deux recettes, mais elles sont délicieuses. C'est pas la quantité qui compte, franchement. Il est vrai qu'au bout d'un moment on peut avoir envie d'autre chose que du poulet aux 40 gousses d'ail et du tian aux légumes... mais c'est toujours mieux qu'un oeuf dur, non?

C'est pourtant pas l'inspiration qui devrait lui manquer vu le nombre de livres de cuisine qu'on lui offre à chaque Noel et anniversaires. Il a tout Jamie Oliver, Nigella, Martha, Josée, bref toutes les stars de la télé. En fait, c'est peut être parce qu'il voudrait faire de la télé plus que de la cuisine...

Ces derniers temps pourtant on a pas beaucoup mangé de poulet ni de tian. La faute au BBQ. Vous savez, cette grosse boite en acier qui ressemble vaguement à une voiture sans roues. Je suis toujours étonnée de la taille de ces engins. Paraît que c'est un truc d'hommes. Pourtant il est bien connu que c'est pas la taille qui compte... un adage qui ne tiendrai pas en matière de cuisine à l'extérieur. En tout cas, ça fait un moment que le BBQ est inopératif et pas à cause de l'hiver.

Ça a commencé à la fin de l'été dernier. Rétrospectivement (un bien grand mot pour dire qu'on a pas vu venir un truc qui pourtant était aussi subtil qu'une vache dans un couloir), je réalise qu'il se sert de la bonbonne vide comme excuse pour ne pas faire à manger. "Vous voulez du saumon au BBQ? Dommage, j'ai plus de gaz." "Un poulet au BBQ? Ah... la bonbonne est vide!" Éventuellement en laissant la bonbonne vide dehors pendant deux hivers elle a fini par avoir l'air d'avoir fait la guerre et il est impossible de la changer pour une remplie. Un comble pour un homme qui tentait de m'inculquer les bases de l'ordre et du rangement à 3 ans en me racontant des histoires de sa fabrication sur un petit papillon qui manquait brûler dans l'incendie du nid familial car il avait pas rangé ses ailes correctement avant d'aller se coucher. Inutile de vous dire je ne vais jamais voir les papillons au Jardin Botanique, ça me fait trop mal au coeur.

Au premier beaux jours de la semaine dernière, le BBQ semblait donc, contre toute attente, enfin rendue là où mon géniteur le voulait: hors service, mort, inutilisable, foutu, pourri, bon à jeter. J'appelle ça du sabotage incrémental: si ça l'emmerde, il ne s'en débarasse pas d'un coup, non non non, il laisse pourrir. C'est son M.O., sa signature toute personnelle qui finit par couter cher d'ailleurs. Vouz voulez d'autres exemples? Notre première ET dernière piscine: maison de vacances dans le Sud de la France pourvue d'une piscine neuve qui n'avait jamais le bon PH. Elle tournait verte au deuxième jour de l'été et on finissait par découvrir toute une faune et une flore aquatique introuvable dans la région. Assez étrangement, lorsque j'y ai passé un été seule, je me suis baignée tous les jours sans problèmes.... Autre maison, autre pays, et ... un spa: Jamais le bon PH non plus et jamais la bonne température. Le spa était inutilisable en moins d'un mois.

Je soupçonne que mon cher père se frottait les mains mentalement en se félicitant de son bon coup mais c'était sans compter sur la tenacité assortie d'une certaine paresse culinaire de ma mère et moi. On aime avoir du monde à diner et se débrouiller pour que quelqu'un d'autre cuisine. La fin de semaine dernière j'invite donc une copine, mes vieux en profitent pour inviter d'autres amis et nous voilà chez Métro (ah oui, j'oubliais, on boycotte le groupe Loblaws donc on va chez Métro. Vous devriez le faire aussi: http://stephaniebaron.blogspot.com/) à se regarder bêtement en demandant de concert: "qu'est-ce qu'on fait à manger?" En fait la question c'est surtout QUI va faire à manger. Je m'empresse de désigner le perdant de ce petit jeu: "Ben si on faisait du poulet au BBQ et un tian?" Et tac! Et que répond mon vieux? "Un poulet au BBQ? ah mais la bonbonne est vide!" "T'inquiètes, je m'en charge!" répond ma mère avec son air de "ça va faire de nous prendre pour des nouilles." Quelques heures plus tard, usant de son charme naturel à peine rehaussé par un lifting aux fils d'or, des pommettes en silicone, quelques injections de botox et des centaines de dollars de crèmes de beauté, elle réussit à échanger la vieille bonbonne de gaz pour une flambant neuve PLEINE. Eh eh eh.

Je me suis donc dit que le poulet et le tian, on les tenait! C'était sans compter sans la résilience du paternel. Il foutu le feu au maudit BBQ. Soi-disant sans faire exprès.... Il avait mis le poulet (avec ses 40 gousses d'ail) dans un plat en pyrex. Forcément, quand au bout de 30min de cuisson, il a arrosé la bête avec du bouillon (ben pour que ça soit pas mortellement sec..), le plat a explosé et le BBQ a pris feu. J'aurai pu lui dire qu'un plat en pyrex, il faut rien y mettre dedans quand la cuisson est commencé. Je sais de quoi je parle, j'en ai fait explosé un pas plus tard que le mois dernier.

En voyant la colonne de feu qui se dégageait du BBQ (ben si, avec l'arrivée de gaz ça a fait SWOOOOSH et c'est monté tout droit comme aurait fait un énorme jet d'eau) plusieurs choses me sont venues à l'esprit, dans l'ordre:

- Wow, trop cool! Heureusement que je me suis réveillée de ma sieste, j'ai failli louper ça!
- Comment il a fait pour foutre le feu?
- Il boit en cachette et il a laché la canette sur le BBQ!
- C'est le jour où on apprend que le vieux est alcoolique, misère...
- Est-ce que les flammes vont toucher la maison?
- Où est mon fils?
- Ah, devant la télé, faut qu'il voie ça...
- Est-ce qu'ils sont toujours assurés chez Desjardins?
- Tiens, j'ai oublié d'appeller l'assurance pour mon renouvellement...
- Ça prendrait combien de temps aux pompiers pour venir jusqu'ici?
- Les pompiers de Bromont sont surement pas aussi cutes que ceux de Paris...
- Merde, qu'est-ce qu'on va manger ce soir?
- Ah ben y'a toujours le tian...
Ce n'est que très tard que m'est enfin venue à l'esprit l'idée de chercher l'extincteur. On peut vraiment compter sur moi en cas d'urgence.

Le poulet a été miraculeusement sauvé des décombres du BBQ mais finalement on a tous capitulé. Lynda Lemay a raison: le plus fort c'est mon père. J'y demanderai plus jamais de faire du BBQ.

vendredi 24 avril 2009

Souper de filles: chili-caipirinha!

Comme vous l'avez vu dans ma dernière recette, j'ai une vision de la cuisine qui gagne à ne pas être connue: les temps de cuisson et les mesures c'est pour les frileux! Je suis allergique à ce que Daniel Pinard appelle les "stratégies d'obéissance." Mais pour tous ceux qui aime être trainé à l'aveuglette, je persisterai avec un repas vraiment complet cette fois.

Deux fois par mois, on largue nos mômes et nos chums et on mange des trucs super épicés pour justifier de se descendre de concert une bonne dose d'alcool fort. Vous me direz, un souper de filles on sait comment ça finit.... Les hommes pensent qu'on fait des batailles d'oreillers en sous-vêtements sexy et les femmes savent qu' immanquablement il y aura une comparaison de nos derniers régimes, de ce que font les enfants (oh! y est-y cute!) et, suivant les âges et situations familiales respectives, des échanges d'impression sur nos vies sexuelles (je suis la seule divorcée, donc la seule qui parlerait bien de sexe à nouveau, mais les autres ne savent plus ce que c'est alors je la mets en sourdine, hé hé hé).

Ce soir c'est chez moi. Hier, j'ai achète de la salsa, des chips au jalapeno, des chips de mais bleu, et le guacamole mortel de Valmont (sur Mont Royal). Tout le monde croit que je le fais moi même car ils reste des gros morceaux d'avocat dedans. Attention! La cachaça pour les caipirinhas, il faut s'y prendre à l'avance car ce n'est pas toutes les SAQ qui en ont. Si vous n'en trouvez pas, utilisez du rhum (brun par pitié, pas cette cochonnerie de Bacardi) et ça vous fera des Caipirissima. c'est pas grave, c'est bon aussi.

Le matin, je fais revenir de l'ail finement haché dans très peu d'huile d'olive et j'y balance à peu près 150g/personne de boeuf haché et à peu près 400gr de veau pour courronner le tout. Poivre, PAS de sel. Arrêtez avec le sel déjà!

Une fois que c'est presque bien cuit, je mets le tout dans la mijoteuse, rajoute des haricots rouges (au moins 2 boites) et une boite de tomates concassées (sans aucun additif, pas avec ces horreurs d'épices soi-disant italiennes). Je mets une tonne de chili, du cayenne et du tabasco et je laisse cuire au moins 6hrs. J'ai des amis qui font leur poudre de chili eux-mêmes, personnellement je me vois mal courir tout Montréal pour trouver des piments Ancho et du paprika Hongrois. J'en connais même qui colle de la Sriracha dedans (vous savez, ce chili thailandais dans la grosse bouteille avec le capuchon vert, qu'on trouve dans tous les restos asiatiques). Là, ça me pose un vrai problème. Géopolitiquement, ça n'a aucun sens de coller des épices thaï dans du chili con carne. Par pitié!

Au fur et à mesure de la journée, je vais ajuster les épices et il m'arrive de rajouter des tomates ou des haricots aussi. J'ai une "vision" de ce que doit être le chili: Suivant la quantité de viande il faut qu'il y ait une quantité "harmonieuse" de haricots et de tomates. Ça se fait donc différemment selon qu'on est plus haricots que viande!

Je fais du quinoa avec, plutôt que du riz, c'est plus léger et c'est croquant juste ce qu'il faut. Si vous savez pas ce qu'est le quinoa, filez dans une bonne épicerie ou un Rachel-Berry (si en plus vous savez pas ce qu'est un Rachel-Berry je tiens à préciser que ce n'est pas la soeur de Halle Berry mais une chaine de magasins d'aliments et produits naturels et y'en a même un au coin de Rachel et... Berri, eh oui!)

Comme dessert: ananas frais coupé et en cas de gros coup de blues d'une des filles, on fait une petite fondue au chocolat. Surtout, on ne néglige pas l'aspect revigorant d'un thé parfumé à la fin du repas (thé vert ou blanc à privilégier) ou alors vous faites des ti-ponches! Ça revigorera de même.

Maintenant les choses sérieuses: quand les filles arrivent, je leur apprend à faire une caipirinha. C'est plus sympa que faire le service pour tout le monde et, surtout, si tu donnes une caipirinha à une femme, tu la soûle un soir, si tu lui apprends à faire des caipirinhas, elle pourra se soûler tous les soirs. C'est ça aussi la libération de la femme.

Dans un "tumbler" je mets une lime coupée en 8 (la lime ne se coupe JAMAIS sans avoir été préalablement roulée avec le plat de la main sur sur une surface dure. Ça aide le jus à sortir. Éviter de les rouler sous les aisselles car on va mettre le fruit entier avec la peau....) que j'écrase avec un pilon spécial (vendue avec la bouteille de Cachaça sinon dans tous les bons magasins d'articles de cuisine) et une cuillère à soupe de sucre brun organique (oui, c'est très important qu'il soit organique! c'est plus meilleur pour la santé héhé). J'écrase jusqu'à ce soit plus écrasable, je mets des glaçons, je couvre de cachaça (2/3 pour 1/ de jus de lime) et je remue avec une petite cuillère. Tata!

Attention! La première cachaça se boit toute seule (tu penses, c'est du sucre) et il faut 15min après l'avoir fini pour que le coup de bambou tombe sur la nuque... mais c'est trop tard! on en est déjà à la 2ème et très vite on est déchiré comme un drap de pauvre.

Bon avec ça, elles finiront surement par parler de sexe....

Gâteau chocolat à l'espionne

450 grs de chocolat noir, ½ tasse (1 stick) de beurre et 5 oeufs.

C'est semaine de relâche et y'a rien de mieux que de manger du sucré hyper calorique devant des films.... Inspirée par la trilogie Bourne, je vais me faire un gâteau au chocolat. Et vu que je suis intolérante au gluten, c'est un bon challenge en soi.

Si vous voulez vous gâcher la vie à faire fondre votre chocolat et le beurre au bain marie, c'est votre problème. Je peux attester que faire fondre le beurre et le chocolat au micro-ondes ça marche très bien. Ça fait des années que je reluque un bain marie en cuivre et porcelaine de Williams Sonoma (parce que j'aime bien me la péter de temps en temps) mais on ne peux décemment pas justifier une dépense de 300$ pour faire fondre du chocolat deux fois par an. Si vous choisissez le micro-ondes il faut arrêter toutes les 30sec pour remuer le tout. Le miracle du chocolat qui passe de dur comme du bois à un mélange souple et crémeux rappelle quelque peut la scène entre Jason Bourne et Marie dans l'hôtel parisien mais bref, je divague......

Pendant que le chocolat refroidit, je beurre un moule à gâteau, j'y colle du papier cuisson que je beurre aussi. Ça fait un peu beaucoup de précaution mais c'est à vous de voir si vous voulez manger le gâteau directement dans le moule ou si vous voulez avoir la possibilité de le démouler et le servir sur un plat.

Volet 1- Bourne Identity.
On est échauffés, maintenant faut y aller: séparez les oeufs. Je sais pour beaucoup d'entre nous c'est une opération angoissante, presque plus compliquée que le scénario du premier film de la série.

Plusieurs possibilité s'offrent à vous. Vous pouvez casser chaque oeuf séparément histoire de ne pas contaminer tous les blancs avec un peu du jaune du dernier oeuf (le truc qui énerve). Ou alors utilisez un séparateur d'oeuf vendus chez tous les bons fournisseurs d'ustensiles de cuisines. Ou encore y aller franco et utiliser le creux de votre main pour recueillir chaque jaune. Ça marche mieux que passer le jaune d'une moitié de coquille à l'autre.

Une fois cette délicate opération terminée, vient une autre tâche énooorme...
Volet 2- Bourne Supremacy.
Monter les blancs en neige. Si vous avez un Kenwood (non, pas un copain américain qui s'appelle Ken), vous devriez vous en sortir. Si vous avez même pas un fouet c'est le temps d'aller au Dollarama le plus proche. L'approche McGiver ça marche pas en pâtisserie. Je suis capable de monter des blancs à la main donc tout le monde devrait pouvoir le faire. Faut juste qu'ils soient bien froids. Ne les montez pas trop serrés non plus, on fait pas de la meringue. Mettez vos blancs en neige de côté, puis battez les jaunes et ajoutez les au chocolat-beurre.

Volet 3-Bourne Ultimatum.
Enfin, vient le temps de la 3ème opération délicate: Assembler les blancs en neige avec le reste de la préparation. Là, c'est chacun pour soi. Personnellement, je préfère mettre un peu de préparation de chocolat DANS les blancs, mais certains font l'inverse... Tout ce que je peux dire c'est: allez-y mollo et prenez votre temps! Ce serait dommage de s'être rendu jusque là pour tout abimer au dernier moment et se retrouver avec des oeufs qui retombent en liquide au milieu du chocolat. Eh oui, c'est le risque à courir avec ce genre de recette!

Une fois que vous avez tout fini, vous pouvez vous éponger le front avec fierté, y'a plus qu'à enfourner à 375F/190C. Je sais pas pour combien de temps, surveillez un peu!

Sortez du four dès qu'un cure-dents piqué au milieu sort presque sec. Laissez refroidir complètement avant de découper et servir avec un coulis de framboises. Quoi? Vous savez pas faire un coulis de framboises? Oh beh là! Je vais pas tout vous faire non plus! Chacun ses problèmes.

Ah oui, j'oubliais... j'ai jamais réussi ce gâteau. Il s'effrite misérablement ou alors il tombe au milieu. Donc je le mange toute seule!

"If at first you don't succeed, destroy all evidence that you tried." Boswell D. Rabbitsmith a.k.a. Steve Wright

Les boulettes suédoises de ma grand-mère.

Panne d'inspiration ce soir.... ça doit être la chute du thermomètre. Il est tombé de 2 étages et depuis il est coincé sur -13. Donc il a raison quelques fois par jour mais je ne sais jamais quand.

Ma soeur et mon beau-frère me suggèrent de faire de la cuisine du froid. Allons-y pour du suédois alors.

Voici une recette que je tiens de ma grand-mère qui était suédoise elle-même. Très typique des femmes de là-bas: elle s'appelait Carmen, faisait 1m52 et elle était brune avec la peau matte.

Je n'ai apporté aucune modification car il faut toujours rester fidèle à une recette de famille:
- 500 gram nötkött
- 1 matsked smör
- 4 matskedar finhackad lök
- 1 stor kokt potatis PURÉ krossade
- 3 matskedar fina brödsmulor
- 1 matsked färsk grädde
- 1 ägg
- 1 matsked finhackad färsk persilja
- 2 matskedar smör
- 2 matskedar olja
- 1 matsked mjöl
Smält en liten ugn i 2 matskedar smör.
Lägg lök, koka 5 minuter tills anbudet och öppet, men de är browned.
I en stor pott, placera lök, mosad potatis, bröd smulor, kött, grädde, salt, ägg och persilja.
Mixa tills att få en homogen pasta och fluffigt.
Formulär små bollar 2 till 3 centimeter i diameter.
Ordna dessa bollar på ett bageri facket täcks med ett papper. Reserv i kylen 1 timme.
Försiktigt värme olja och smör i en stekpanna.
Koka dumplings 8 till 10 minuter genom omrörning ofta.

Voilà, ça me paraît clair mais pour ceux qui auraient du mal je vous conseille ce petit film vidéo de mon grand-oncle qui fait une démonstration assez réussi de la recette. Attention! sa version inclut une variation dans les ingrédients, mais vous vous débrouillerez bien.


Bon appétit

La tarte au citron

Une récente étude démontre que les compétences culinaires ne se passent pas nécessairement de mères en filles. Grosse surprise. Les chercheurs ne sont pas allés voir si ça pouvait se passer de mère en fils ou de père en fils. Encore plus grosse surprise. De plus, il semble que les filles trouvent qu'elle cuisinent moins bien que leur mère et ces dernières sont assez d'accord. C'est mal barré pour l'avenir gustatif des générations à venir.

En l'occurrence, chez nous. c'est la mère qui faisait la cuisine. Le père, lui, s'étant découvert cette vocation sur le très tard (il y'a six mois). Comme elle a toujours été atteinte d'un ADD non diagnostiqué, elle a tout essayé, incapable de fixer son attention sur un courant culinaire précis pour plus d'un mois. On a eu une époque traditionnelle: les recettes de la Tante Jeanne et celles de sa belle-mère. Ça c'était sa période bleue.

Après, sa période rose a été teintée d'influence médiatiques bizarres: le régime des pâtes de Macha Méril (j'aime les pâtes, mais franchement trois fois par jour...), la grande cuisine minceur de Guérard, les idées lumineuses de Rika Zaraï et surtout le régime mi Qi-gong, mi-chiant de Michel Oliver, qui, sous prétexte qu'il était passé de l'obésité morbide à un poids santé, s'est senti obligé d'emmerder tout le monde avec un régime contre nature (essayez de bouffer que du poulet au petit-déjeuner et que des légumes le soir et on s'en reparlera).

Là, c'était le début de la fin... Fini les soufflés au fromage, les gratins plein de crème, le porc au caramel, la blanquette de veau, les clafoutis et, surtout, la tarte au citron meringuée qu'on mangeait en entier avant qu'elle ait eu le temps de refroidir. On entamait sans le savoir sa période cubiste: la macro-biotique. Ma soeur et moi en sommes encore traumatisées. Elle posait la soupière sur la table et en sortait une longue algue, épaisse et luisante, avant de nous servir de la soupe au potiron. Depuis, je suis pas capable d'apprécier les sushis et j'évite religieusement les produits de beauté dont l'étiquette vante les extraits marins. Trau-ma-ti-sées!

Heureusement il me reste, dans un fond de tiroir, écrite sur un morceau de papier jauni, la recette de sa tarte au citron meringuée, la meilleure que vous mangerez de votre vie:

Faire cuire à blanc une pâte feuilletée (ou sablée, ça marche aussi). Ça veut dire qu'il faut "précuire la pâte" allez sur http://chefsimon.com/cuirablanc.htm, des petites photos valant mieux qu'une longue explication. Première Moisson a des pâtes congelées qui ne sont pas trop mauvaises mais vous pouvez aussi faire la vôtre: bonne chance!

Séparez les blancs et les jaunes de quatres oeufs (je vous ai déjà expliqué comment faire, consultez vos archives ou alors envoyez moi un twitter @stephaniebaron histoire de vous humilier publiquement parce qu'à votre âge vous avez encore peur de séparer les blancs des jaunes, tsk, tsk).

Pressez le jus de 2 citrons et d'une orange (si vous voulez faire un peu de genre, prélevez et incorporez le zeste d'un des citrons mais personnellement les petits bouts de citron qui croquent sous la dents, beurk). je pousse le vice jusqu'à passer ce jus au chinois (et non, le japonais ou le coréen ça ne marche pas pareil) pour être sûre de pas mettre des tits pépins. Rajoutez 150 grs de sucre et mélangez le tout avant de mettre au bain-marie (finalement ce bain-marie de Williams-Sonoma à 350$, ce ne serait pas un si mauvais investissement...). Il faut mélanger sans cesse et surtout prier pour que ça épaississe. Même si vous êtes athée militant, il faut apprendre à prier en cuisine. C'est pour ça que j'ai une photo de Sainte Rita sur la hotte.

Laissez refroidir puis ajoutez les blancs en neige que vous aurez monté avec un peu de sucre. Versez le mélange dans la pâte et mettez au four à 350 degrés. Sortez quand c'est doré sur le dessus.

J'en entends certains qui me dise.... "mais pourquoi mélanger citron-jaunes avec les blancs en neige?" Ben, parce que faire une espèce de crème épaisse au citron et puis ensuite rajoutez de la meringue dessus c'est plate en titi, comme dirait gros minet. Alors que là, le mélange crème au citron et meringue est subtil, les deux textures se mélangent. Et pourquoi mettre de l'orange avec le citron? Essayez avec que du citron et vous comprendrez pourquoi. Les dents vont vous grincer tellement qu'on vous entendra jusqu'à Chibougamau.

Croyez en ma vieille expérience, ça se mange froid ou chaud, c'est pas important, l'important c'est que ça se mange tout seul.

Ma recette la plus courte, la plus facile, la plus rapide et celle que j'ai le plus magistralement raté cette semaine.

100grammes de sucre
100grammes de noix de coco rapée
1 oeuf
un peu de rhum

Préchauffez le four à 350 degrés. Mélangez tous les ingrédients dans un bol. Prenez la grille du four et recouvrez la avec du parchemin que vous aurez huilé légèrement (conseil d'amie: quand vous faites de la pâtisserie et que la sorte d'huile n'est pas spécifiée, prenez du canola et pas de l'huile d'olive. J'ai essayé et c'est pas terrible). Façonnez des petites boules du mélange et placez les sur le papier parchemin. Enfournez le tout et surveillez la cuisson. Quand ça commence à dorer, c'est prêt.

Finalement, le plus dur dans cette recette ce n'est pas ce qu'il faut faire mais, plutôt, ce qu'il ne faut surtout pas faire.

Illustration:
Mardi soir, j'enfourne les rochers et je me dépêche de rejoindre mon beau-frère venu gentiment m'aider à changer des luminaires. Soucieuse de ne pas prendre du 110 inutilement, je décide de couper les fusibles. On essaye donc un fusible après l'autre jusqu'à ce que mon fils hurle parce qu'il est dans son bain et je lui ai coupé la lumière (il fait jour dehors mais mon gamin est une moumoune). Bien sûr, je n'aurais pas pensé que les fusibles de ma chambre commanderaient aussi l'alimentation électrique de la cuisinière (à gaz).... Un ange passe....

Finalement, on trouve le bon fusible, on change le luminaire et, comme je vais vérifier mes rochers, je réalise que la cuisinière est éteinte. Oops. J'ouvre le four: les rochers ressemblent plus à des crépes qu'à autre chose. Yuck! Je remet le fusible, rallume le four, et, on passe à d'autres luminaires. Comme de bien entendu, j'en oublie la cuisson des rochers.

A posteriori, je m'émerveille de la réaction que nous avons tous face à un désastre culinaire.... C'est étonnant comme on sursaute et on court frénétiquement quand on réalise qu'on a oubié un truc sur le feu. Tout d'abord le sursaut, genre: "Ooh j'me suis faite peur toute seule" et ensuite la course vers la cuisine comme si les quelques nano-secondes gagnées en courant sur cinq mètres allaient changer le destin de quoique ce soit qui est en train de cramer bêtement.

Je pense que c'est le deuxième ratage qui les a achevé mais en tout cas, on n'a pas mangé de dessert ce soir là. Dommage, pour une fois j'avais pas noyé la préparation dans le rhum....

mercredi 8 avril 2009

La recette du toast pour ma folle de soeur

Il fait un froid à ne pas mettre un raton-laveur dehors et ma soeur a attrapé un vilain virus, un de ceux qui résistent aux températures arctiques qu'on a eu ces derniers jours. Donc il lui faut un plat réconfortant et facile à faire car sa cuisine n'est pas si grande.... Un hachis parmentier par exemple? Pour ceux qui n'ont pas grandi dans l'Hexagone, c'est une variation du pâté chinois mais qui ne prétend pas avoir des origines asiatiques.

Ingrédients (à vue de nez, hein...)
Emmental et gruyère rapés (1 sachet de chaque)
Boeuf haché (150gr/personne)
Quelques carottes (déjà coupées et lavées parce que si quelqu'un l'a fait à ma place, je vois par pourquoi il faudrait dupliquer les efforts)
Un oignon (rouge, jaune ou blanc, on s'en fout)
1/2 tasse de bouillon de boeuf ou d'oignon (marque Harvest, pas Knorr c'est trop plein de MSG)
Hachez carotte et oignons menu menu. C'est pas non plus la peine d'en faire de la bouillie. Mais plus c'est coupé petit, moins on sent le goût de la carotte ou des oignons. Pourquoi en mettre me direz-vous? Les légumes parfumeront quand même un plat qui autrement serait tout à fait ordinaire.

Je fais revenir carottes et oignons dans de l'huile d'olive. Quand c'est bien doré, je mets la viande et je la fait revenir en tournant régulièrement avec une fourchette pour que ce soit bien détaché, on fait pas un hamburger ! Quand c'est presque cuit, je rajoute le bouillon de légumes ou de boeuf et....devinez quoi.... je ne mets pas de sel ! Juste du poivre.

Pendant que çà mijote quelques minutes, je fais la purée et c'est là que se trouve mon avantage compétitif. Ma purée, je l'achète chez Costco. C'est vendu dans un immense paquet bleu et il doit y avoir 25 sachets à 3-4 portions par sachet. Si vous en faites une fois par semaine, çà va vous durer 6 mois. Costco deux fois par an c'est supportable. Je sais, je vous conseillais Rachel- Berry la semaine dernière, là c'est Costco. Eh oui! j'ai pas froid aux yeux moi madame, les contradictions ça me fait pas peur. De plus, cette purée là n'a aucun additif, pas de MSG et on peut pas en dire autant des autres purées toutes prêtes. Ah oui, je la fais au lait de soja, c'est meilleur. Quoi ? vous faites la moue ? Z'avez déjà essayé ? Non, alors....

Je mets la viande au fond d'un plat qui va au four (de préférence en verre) la purée par dessus et le fromage pour couronner le tout. J'évite de mettre du fromage sur une partie du plat car il y en a toujours un qui n'aime pas çà. En l'occurrence, mon fils de 5 ans qui, malgré son âge, préfère le homard aux pâtes-jambon de sa maman. La dernière fois que j'en ai fait, il a regardé le plat sur la table, a secoué la tête et m'a lancé: "Encore ? Faut arrêter çà, hein." Bon, c'est vrai j'en avais fait la semaine d'avant....

Le four sur "grill" quelques minutes c'est juste histoire de faire fondre le fromage et c'est prêt!

Quand je l'ai sorti fièrement du four, ma soeur a regardé le plat, a eu un haut le coeur et m'a dit "Là je suis pas capable, je préfèrerais du pain grillé".